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Channel: Traou Mad, les choses bonnes de Pont-Aven et galettes de Pont Aven : le blog de Traoumad - en Bretagne
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La Bretagne et la mer : phares, si fascinants phares...

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Broderie au point de croix Marie Coeur


Au large de la Bretagne, l’existence humaine bien contestée par les éléments doit souvent son salut aux phares. Ce patrimoine à part, toujours actuel et au langage universel rappelle à tout instant la fantastique solidarité de l’homme envers l’homme.


Une cinquantaine uniquement en Bretagne, c’est plus du tiers des phares de France dont le rôle est de signaler des passages particulièrement dangereux. La tour de Pharos, merveille du monde érigée trois siècles avant notre ère a mis bien du temps à faire des émules. On sait qu’au XIIIe siècle les Moines de Saint-Mathieu allumaient un feu dans une tour de l’Abbaye pour guider les marins, mais pendant des siècles ce type d’éclairage reste rudimentaire et inconstant.

Vauban fera un pas immense à la toute fin du 17ème siècle, avec la construction de six tours de guet-phares et l’abolition du "droit de bris". Puis Napoléon crée en 1806 le Service des Phares et Balisesà l’origine de la construction et de l’exploitation de la quasi-totalité de nos phares actuels.



Tous semblables en vocation, chacun unique par sa situation, son histoire, les innombrables aventures humaines qui y font référence, les phares bretons veillent au quotidien sur un nombre considérable de navires.

Qu’on fasse référence au phare le plus haut d’Europe (Ile Vierge), au plus ancien (Le Stiff), au plus puissant du monde (phare du Créac’h), au phare à terre le plus occidental de France (Kermorvan), au plus éloigné des côtes françaises (Ar Men), au premier phare automatique au milieu des flots (Nividic) ou à tant d’autres aux noms quelquefois insolites (La Vieille, La Jument, Petit Minou...), classés monuments historiques ou sommets de modernité, la fascination opère.

Phare du Creac'h © fd3001


Rares sont les phares érigés en rase campagne, comme celui de la Lande qui veille sur la baie de Morlaix ou sur un fort existant comme à Penfret ou sur l’île de Tristan. Pour la plupart, d’épouvantables conditions d’accès ont rendu historique leur construction, et cauchemardesque la vie de leurs gardiens.

L’assise en soubassement et la tour des phares utilisent les matériaux locaux. Ainsi Trézien est en pierre de taille, celui de l’ile de Sein en granit rose… Cependant, ils sont généralement peints de couleurs voyantes et de graphisme distinctifs qui en font d’excellents amers diurnes. Les parois internes de la tour sont souvent couvertes d’opaline, arme de l’époque pour lutter contre la condensation. Quant à la lanterne, l’ingéniosité humaine (Luchaire, Fresnel et bien d’autres) s’y est largement déployée usant de toutes les ressources pour garantir un éclairage puissant et surtout constant.

Financement, moyens d’accès, hostilité locale... l’histoire des phares s’est souvent écrite avec de grandes valeurs humaines, dont la patience et la ténacité. Il a fallu 16 ans pour construire le phare de l’ile de Batz, 11 ans pour Kéréon, 14 ans pour Nividic et pas moins de 34 ans pour Ar Men ! Eckmühl, Kéréon, le phare de la Jument, celui de La Lande bénéficièrent de généreuses donations tandis qu’en d’autres lieux (Sein, Tristan) les bâtisseurs durent d’abord affronter l’obscurantisme de certains résidents.

Cinq phares bretons ont encore des gardiens. Ce métier sacerdoce fut un temps "emploi réservé" pour les mutilés de la Grande Guerre. Il fallut la dramatique affaire des corses au phare de la Vieille en 1925 pour faire admettre que l’univers des phares s’étend du paradis au pire des enfers.

Le paradis, c’est le phare de La Lande ou celui de l’ile aux moutons
avec ses cinq hectares en jardin et basse-cour. L’enfer, ce sont les phares des Pierres-Noires, du Four, de la Jument, ou d’Ar Men où aucun bateau ne peut accoster, où la relève se fait à califourchon sur un ballon et où la mer s’oppose rageusement à toute présence humaine.

Classé hors catégorie, le phare de Tévennec. Évènement étranges et morts brutales ont eu raison de l’administration elle-même. Depuis 1910, les fantômes sont seuls sur le rocher autour du phare transformé en feu permanent.

Treuillage d'un gardien au phare de la vieille
Date : 25/11/1962  Crédits : Breemat, Guy / INA


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